Suite à l’incendie de l’ancienne boulangerie RAPENNE dite « Boquillon » (pour les anciens du village), le bâtiment vient d’être démoli.
Mercredi 7 septembre 2022 vers 3H45 le feu démarre dans le garage attendant l’immeuble et se propage rapidement à l’ensemble du bâtiment, situé dans la grande rue au carrefour de la rue de la Croix.
Plusieurs casernes de pompiers ont été mobilisées, l’immeuble était inhabité depuis quelques mois, les causes de l’incendie sont indéterminées.
Du bâtiment il ne reste plus aucune trace, il a été démoli la semaine du 12 décembre. D’ici quelques années, qui souviendra du passé de cette bâtisse que beaucoup d’Ajolais ont connu, dont voici le passé :
En 1902 Marie Catherine Aptel de la Croix, veuve de Jean Étienne Stévenot vend à Pierre Victor Nurdin négociant et Anna Wagner sa femme, section de la Chapelle, une maison d’habitation et de commerce située à la Croix lieudit Rang du Creusot.
Origine : Jean Étienne Stévenot était un militaire retraité devenu épicier. Les propriétaires précédents étaient Eugène Galmiche, concierge de tissage, et sa femme Luce Joséphine Stévenot, année 1880.
Jean Étienne Stévenot est décédé en 1884 sans enfants.
Le couple Galmiche/Stévenot avait acquis cette maison de Marie Clémentine Bolmont cabaretière, demeurant section des Champs, veuve de Jean Dominique Paris, année 1874.
Par un acte de M°Collin de 1899, le voisin André et Sick avait accordé à la veuve Stévenot l’installation de diverses dépendances et le droit d ’ouvrir des jours (fenêtres). Il est vaguement question de baux écrits ou oraux.
Prix : 16.000 Fr.
À noter que cette maison est située à la Croix dans la section de la Chapelle alors que l’on a toujours considéré que ce quartier faisait partie des Champs, la rivière étant supposée faire limite. La limite serait donc la route de Remiremont.
Un brin d’histoire du Livre
« le Val-d’Ajol village »1880-2013
N° 24 – boulangerie Boquillon.
Robert Bernard était plus connu sous les sobriquets de Rigou ou Boquillon. Jean Rapenne fut son successeur. Robert Bernard avait développé avec son épouse sa petite boulangerie épicerie. Il aimait faire ses tournées à la campagne au volant de son fourgon très bien agencé, à raison d’un ou deux passages par semaine.
C’était du temps où, dans les familles nombreuses, on achetait le pain par « mannequins », de quoi tenir une semaine. Les grosses miches avaient la préférence des ménagères car elles se conservaient plus volontiers dans la fraîcheur d’une cave.
Mais Boquillon avait une spécialité très prisée à la campagne, à mi-chemin du pain long et de la miche : la couronne. Son fourgon était très bien achalandé. Non seulement on y trouvait pain à volonté et quelques pâtisseries, mais encore café, sucre, thé, coco et chocolat, confiserie, le journal local et les fameuses pochettes « surprises » toujours placées sous le nez des marmots, à l’arrière du camion.
Son père, Victor, cumulait déjà les fonctions de boulanger, cafetier, épicier et buraliste à cette même adresse.
Boquillon était un grand amateur de champignons. Il récoltait à l’automne, dans le Chanot, de grosses quantités de petits cèpes et chanterelles brunes que peu de personne ramassaient. Il en faisait le séchage dans son four à pain pour les revendre à des professionnels.
En 1947, il est équipé pour ses tournées et ses dépôts d’une Peugeot 201 et doit faire, avec un malin plaisir, une demande de carburant à l’administration, au prétexte qu’il doit impérativement livrer ses dépôts dans les sections, sans quoi la population pourrait mourir de faim.
Dépôts qui ne font pas l’affaire des autres boulangers du village. Une petite guéguerre du pain voit le jour, quelques noms d’oiseaux fusent.
L’affaire est même portée devant le conseil municipal qui fait bon gré malgré office de médiateur.
Un autre boulanger est au cœur du débat. Il est accusé de pétrir et cuire du pain un dimanche alors que c’est précisément son jour de fermeture hebdomadaire obligatoire.
Mais il sollicite la clémence de ses détracteurs faisant part de circonstances atténuantes. Il cuit un jour défendu, c’est bien vrai, mais il cuit pour un de ses dépositaires par ailleurs épicier. Et aucune loi n’interdit à cet épicier d’ouvrir son commerce et même de vendre du pain le dimanche
La pub du jour :
Chez Robert Bernard alias Rigou, rue de la Croix, épicerie, boulangerie, pâtisserie, mercerie. Un consommateur de bon goût, s’approvisionne chez « Rigou »