Avec le rattachement de Saint Valbert à Fougerolles, la commune se trouve dépendre de deux cantons : Saint-Loup sur Semouse et Luxeuil. Mais sans doute que beaucoup de ces administrés ignorent que la commune de Fougerolles fut, de par son importance en superficie et en population, désignée à la Révolution comme chef lieu de canton durant quelques années mais le remue ménage qui suit a été rapidement sanctionné.
La famille Peureux du Sarcenot est sensée à priori, se trouver au centre de l’affaire.
Dans ce dossier des particuliers de Fougerolles dénoncent des chefs de famille suspectés d’aider ou d’héberger des religieux réfractaires suivant procès verbaux des 20, 25 et 27 octobre.
Cette affaire sera présentée le 27 brumaire au Comité de surveillance du département.
Dans un dossier trouvé aux archives départementales par mon mari Daniel Gury il y a de cela une vingtaine d’années, suit une grande liste des personnes de Fougerolles qui ont été mises aux arrêts :
- François Tisserand de Semozel frère de Jean Nicolas Tisserand ci-devant chanoine régulier, pour avoir entretenu avec lui une correspondance alors qu’il n’a pas voulu signer le traité constitutionnel et qu’il a pris la fuite ;
- Joseph Peureux soupçonné d’avoir passé du numéraire aux émigrés et n’ayant aucune fréquentation qu’avec les gens suspects ;
- Nicolas Ougier pour avoir entretenu et autorisé Claude Deile Grosjean réputé émigré dans sa suspicion, même lui donner retraite en son domicile et lui tenir des propos contre la constitution ;
- Les deux filles Perney pour s’être absentées de la commune une longue espace de temps pour prêcher l’aristocratie et le fanatisme dans les paroisses voisines ;
- Jean Claude Aubry pour s’être également transporté dans les communes du voisinage à l’effet de faire avertir les prêtres réfractaires qui pourroient s’y rencontrer de se retirer parce que l’on vouloit en faire la recherche ;
- Jean Claude Desvoilles pour avoir fait fréquemment les commissions de tous les partisans de l’aristocratie de la commune avec ceux du voisinage ;
- François Desvoilles, frère de ce dernier, et oncle des Peureux émigrés, pour avoir dit hautement que les citoyens patriotes étaient une race le loup et d’avoir prêché le fanatisme en disant que……. ;
- Claude Jechoux dit le « Prêché » pour avoir pareillement prêché, retenu des rassemblements de gens suspects en son domicile, se faisant gloire d’être du nombre et d’avoir le caractère d’aristocrate ;
- François Hory accusé d’avoir coopéré à arracher le premier arbre de la liberté planté à Fougerolles dans lequel on l’y commit des ordures et de s’être flatté d’avoir enterré le bonnet dudit arbre de la liberté ;
- Anne Marie Simon pour avoir prêché le fanatisme dans plusieurs cantons composant cette commune avec manières contre révolutionnaires, pleurant de dépit de ce qu’elle ne pouvoit gagner personne de son coté ;
- Jeanne Marie Duchesne pour avoir favorisé l’émigrations des trois frères Peureux en leur procurant du numéraire, et d’avoir prêché continuellement le fanatisme, d’avoir enfin tenté plusieurs fois d’obtenir un prêtre réfractaire auquel elle avoit fait une partie de l’avance pour lui procurer une chapelle ;
- Claude Joseph olivier pour s’être associé dans des attroupements dans le bois avec des gens reconnus suspects ;
- Marie et Françoise Peureux sœurs des émigrés pour n’avoir, depuis la révolution, montré aucun caractère de civisme ;
- Marie Cholley femme de François Gabriel Peureux l’un des émigrés pour s’être constamment montrée d’un caractère incivique ;
- Jacques Aubry convaincu d’avoir avalé des assignats nationaux disant « c’est ainsi que je place la monnaie de la République » ;
- Sylvestre Desvoilles reconnu d’avoir prêché le fanatisme continuellement faisant tous ses efforts pour attirer les gens dans l’aristocratie en disant que les lois attaquoient la religion ;
- Hubert et Jean François Dumartinot, fréres, se disant être aristocrates et vouloir l’être toute leur vie ;
- Jacques Aubry dit Jacquotte ambassadeur du fanatisme et porteur de livres inconstitutionnels ;
- Nicolas Barret pour avoir attaqué et vouloir maltraiter un citoyen qui chantait une chanson civique, et d’avoir dit « oui, je suis aristocrate« , d’avoir par une autre fois insulté les citoyens chantant des chansons de civisme, et ce nuitamment ;
- Silvestre Barret beau-frère des Peureux émigrés, pour correspondance avec eux par les lettres qu’il a dit en recevoir.
Il s’avère que les trois frères Peureux qui sont activement recherchés ne sont pas vraiment du Sarcenot. Ils habitent le centre de Fougerolles (église) mais sont natifs de Corbenay. Leur père Claude François est pourtant du Sarcenot, fils de François Gabriel et de Anne Antoine.
François Gabriel, donc le père, semble avoir exercé la profession de recteur d’école à Fougerolles Église. Il a sans doute pris la suite de Joseph Girard après avoir été son aide. Joseph Girard a occupé la place de 1742 à 1778 environ. Et lorsqu’il renouvelle son contrat en 1772, nous avons un aperçu très détaillé de sa fonction qui comprend en plus de l’enseignement général, une assistance quasi permanente des prêtres et curés dans l’exercice de leur ministère. Il assure la sonnerie des cloches, l’entretien de l’église, l’allumage des cierges… Il doit fournir un assistant à ses frais. Il est logé.
Dans de telles conditions, on comprend facilement que toute cette famille de bons chrétiens se soit liguée contre les révolutionnaires d’autant plus que le curé, après avoir fait mine de se soumettre, a finalement pris l’offensive.
Gabriel le fils sera lui aussi l’instituteur, du moins jusqu’à la révolution. Tandis que sa sœur mariée à Jean Sylvestre Barret sera une des principales sages femmes de cette période et plus tard encore. Ce sont donc des gens très impliquées dans le fonctionnement de la communauté.
Par respect pour le côté historique, l’orthographie du moment a parfois été conservée.



















