Un voyage à travers le temps
Durée : 3H, 6 Km dénivelé négligeable niveau famille jeu pour enfants.
à observer la couverture sédimentaire détritique du grès et le modelé glaciaire.
à voir : le modelé glaciaire caractéristique dont une niche glaciaire, dépôts de sable d’origine glaciaire, carrières, croix, tourbière, points de vue , paysage faillé.
à entendre : un conte , la légende de Cûla , une balade commentée.
Thèmes dominants : famille, géologie, nature, patrimoine, campagne, spiritualité.
M. Dangeville Armand, accompagnateur de randonnée en milieu montagnard salue les marcheurs présents et donne les excuses de personnages célèbres qui ont laissé un message à notre intention.
Marcel Proust écrit : » Ce n’est pas d’autres paysages dont j’ai besoin mais d’un autre regard »
François Rabelais nous invite à « rompre l’os et sucer la substantifique moelle «
Paul Eluard dit « Je vois le monde tel que je suis « et JJ Rousseau conclut en disant que « La nature console de tout ».
Avec l’appui de cartes géologiques exposées, le guide retrace l’histoire géologique de l’Europe et de notre région pour avoir une vue d’ensemble et mieux comprendre l’évolution géologique locale.
La randonnée.
Après ces explications, le groupe traverse la forêt de la Sauce peuplée autrefois de saules, dévastée par le scolyte et repeuplée grâce au mécénat de De Buyer et observe un tas de pierres fruit de l’épierrement des champs. Ces blocs sont des grès à Voltzia, un grès à grains très fins du Trias (240 Ma environ) utilisé autrefois pour tailler des meules et qui contient des fossiles végétaux d’ancêtres de nos conifères. Le plateau dégagé est fouetté par les vents qui peuvent déplacer la neige en hiver et la rejeter plus loin. Aussi, ces amas de neige puis de glace ont façonné le petit cirque glaciaire observé plus tard.
Dans le « bois rond « dévasté aujourd’hui aussi par le scolyte se cache une ancienne carrière de pierre de construction et sans doute de « laves « qui couronnent la strate de grès à Voltzia.
Plus loin, dans la forêt, deux énormes blocs de grès appelés blocs erratiques ont été abandonnés là lors de la déglaciation vers —10.000 ans. Les arêtes de ces pierres appelées moraines sont usées par le frottement lié au transport des blocs par le glacier.
C’est le lieu choisi pour se livrer à un petit jeu où quelques participants jouent un rôle et livrent leurs impressions sur leur forêt montrant ainsi la subjectivité du regard des hommes.
Ainsi le prêtre insiste sur cette création de Dieu, monsieur le Maire y voit aussi une source de revenus, l’enfant un lieu de jeu, le biologiste un biotope à protéger absolument ….
Il était prévu de remplir sa gourde à la fontaine de la prochaine ferme Vial dont l’écrivain Gaston Bonheur disait « la première charité d’un village, c’est « sa fontaine » mais la canicule avait fait son œuvre : point d’eau à la fontaine !!!!.
Le chemin mène à la croix, la plus haute de la commune au lieu-dit Le Frenot, édifiée en 1793, curieusement au moment où régnait à Paris et en France la terreur révolutionnaire conduite par Robespierre dans le dessein de déchristianiser le pays. Les sculptures évoquent la Passion du Christ et les outils de cette Passion : clous, lance, cruche, échelle……
Le groupe contourne la maison au bout du chemin dont un bandeau en latin sur la façade demande une protection divine : « Protège nous Seigneur comme la prunelle des yeux ». Plus loin, un affleurement laisse apparaître des lits de sable déposés là par un bras ou une langue glaciaire qui a modelé le plateau à 570 m d’altitude ainsi que les vallées pendant des dizaines de milliers d’années. L’orientation de ces strates indique le sens d’écoulement du glacier. Cet endroit permet d’admirer le site où s’est installé ce cirque ou théâtre glaciaire aux formes parfaites qui surplombe la ferme.
Il faut admettre qu’un inlandsis ou épaisse couche de glace recouvrait les Vosges pendant près de 2 millions d’années. Les spécialistes géologues et glaciologues comptent 3 grands stades d’extension glaciaire dans notre montagne : le stade d’Epinal prouvé par ses terrasses glaciaires, celui d’Arches plus tard et le plus récent, celui de Noirgueux à Saint Nabord .
Là, une moraine frontale formait un barrage et retenait un grand paléo-lac au pied de l’actuel Remiremont jusqu’à Vagney et Vecoux. A la déglaciation vers —10.000 ans, la puissance des eaux alimentées par la fonte des glaces a finalement rompu le barrage laissant place à la Moselle et à la Moselotte. Ainsi quelques faits des « Vosges secrètes » sont mieux connus. Ici est un bon lieu de rencontre entre le temps court des hommes et le temps long des géologues qui étudient les formes topographiques façonnées au cours de millions d’années.
La carrière Minette nous attend maintenant. On y observe les épais bancs gréseux et les minces lits de « laves » qui les surmontent. Ces sables contenant surtout des grains de quartz agglomérés et cimentés par de l’oxyde de fer qui leur donne cette couleur rose ou grise selon la quantité d’oxyde contenue ont été arrachés par l’érosion aux reliefs situés à l’ouest, sur l’actuel Bassin Parisien, au Massif Armoricain et même au Massif Central il y a 240 Millions d’années environ. Ces alluvions ont été charriés par des fleuves gigantesques dessinant des méandres lorsque la pente régionale s’atténuait et que le courant faiblissait sur l’est de la France qui devient ainsi une immense aire d’épandage de particules fines sableuses. Lors d’inondations, de périodes de crues, des végétaux arrachés par le courant sont recouverts puis fossilisés. Ainsi naissent les fossiles végétaux de conifères du grès à Voltzia. Quelques édifices publics de la vallée ont été édifiés avec des pierres de cette carrière. Plus loin , à droite , en bordure de route , se dresse hélas cachée par des fougères une croix de pestiférés du XVIIème siècle sans doute dont une branche du croisillon porte l’étoile de David , symbole de la religion juive , qui indique, pense-t-on, la direction où furent ensevelis les juifs .Le regard porte aussi vers les vallées alignées dans la même direction vers l’est, reste des anciennes failles à l’origine du fossé d’effondrement du Val-d’Ajol dont la profondeur est bien supérieure à la dénivellation actuelle entre les plateaux et le fond de la vallée .
La visite de la tourbière de l’étang d’Avaux est le clou de la randonnée. 3 éléments sont indispensables à leur formation dans nos régions :
—le froid en altitude sous notre climat semi-continental et de montagne
—l’eau abondante dans la montagne,
— l’acidité dans un milieu siliceux (grès).
Ces caractères ne permettent pas aux bactéries d’avoir une activité habituelle.
Cette tourbière protégée par le conservatoire d’espaces naturels de Lorraine est un héritage de la période de réchauffement climatique il y a 12.000 ans environ .Les eaux de fonte des glaciers ont été retenues dans les creux topographiques colonisés progressivement par la végétation hydrophile qui aime l’eau , ici les bouleaux, arbres pionniers, les ormes, la sphaigne, espèce de mousse archaïque utilisée comme combustible sous forme de tourbe séchée, espèce de charbon du pauvre, la molinie, graminée qui pousse en touffes sur des micro-buttes appelés touradons, la linaigrette dont la soie terminale est bien visible, le carrex ou laîche, le scirpe aux hautes tiges, le calta des marais aux belles fleurs jaunes,la canneberge aux baies comestibles, l’Andromède reconnaissable à ses clochettes, l’airelle des marais et celles qu’on veut voir et admirer, les rossolis à feuilles rondes ou droséras, plante insectivore garnie de poils qui retiennent prisonnières les insectes qui sont ensuite digérés et assimilés par la plante.
Véritable livre d’histoire, mémoire de la vie d’autrefois par les pollens qu’elle contient, éponge naturelle, la tourbière filtre l’eau, la retient, la stocke et joue un rôle important et équilibrant dans la circulation des eaux. Cette fonction doit absolument être prise en compte dans le contexte climatique déstabilisant aujourd’hui. Cet habitat a donc une haute valeur patrimoniale à sauvegarder, à valoriser et à préserver pour nos enfants.
Le guide met pour terminer en garde le public des randonneurs sur la présence dans ces lieux inquiétants et dangereux d’un être étrange qui se déplace sans bruit sous diverses formes, tantôt chandelle, boule de feu, bouc aux yeux luisants qui attire le promeneur pour l’égarer et l’engloutir dans les terres mouvantes ou le précipiter dans une gouille, sorte de trou d’eau d’où l’on ne sort plus.
Des paysans voisins et malins lancent un juron bien senti au farfadet appelé CÛLA « SAPRÉ PEUTE BÊTE » qui l’effraie et il se jette alors dans la première gouille venue en lançant en l’air des feux follets à vous aveugler.
Si vous le rencontrez, n’oubliez surtout pas le juron « Sapré…P………B…… »
La planète il y a bien longtemps …
1er L’histoire prévarisque : (il y a 400 M années)
Un océan existe entre deux grands continents qui se rapprochent et ces mouvements tectoniques provoquent des phénomènes volcaniques explosifs (Champ du feu, Rossberg, Thann, Servance …)
2ème L’histoire varisque (il y a 330 M a)
Ces deux continents, le Gondwana et la Laurasia entrent en collision formant un super continent unique appelé la Pangée et une formidable chaîne de montagne qui couvre l’Europe et l’Asie de plusieurs milliers de km de long et de très haute altitude dont fait partie la montagne vosgienne.
3ème L’histoire post-varisque :(il y a environ 260 M a)
Cette gigantesque montagne est érodée et démantelée complètement. Il n’en reste rien. Une phase de décompression, d’étirement et d’amincissement de la croûte triste provoque des failles et des fossés d’effondrement et localement notre fossé limité par des failles visibles où s’est installée plus tard la vallée glaciaire du Val-d’Ajol.
4ème l’histoire alpine ( il y a 30 M a )
Au Cénozoïque (ancienne ère tertiaire), une autre collision entre la plaque africaine et européenne forme une nouvelle chaîne de montagne, les Alpes. Cette rencontre provoque le soulèvement du Jura et des Vosges.
Aussi, bien que composée de roches anciennes (granite, gneiss, migmatites …) la montagne vosgienne est récente, rajeunie par ce soulèvement alpin.
5ème l’histoire récente : (moins de 2 Ma) quelques successions de glaciations érodent les sommets, creusent les vallées et modèlent le paysage que l’on voit aujourd’hui encore.
Texte de l’accompagnateur.