A la découverte du Val-d’Ajol en 1893

Balade organisée par la Vosgienne, une société de gymnastique d’Épinal, article rédigé par un membre de l’association, publié dans le journal « Mémorial des Vosges » du 7 juillet 1893.

Un gymnaste a bien voulu nous adresser ce compte rendu de l’excursion faite, dimanche, par notre vaillante société de gymnastique.

Favorisée par la belle journée de dimanche dernier, la société de gymnastique « la Vosgienne » d’Épinal au nombre de quinze, nous prenons le train de 4 h 50 du matin qui nous conduit à Remiremont, nous traversons la Vallée des Roches et visitons la Cascade du Géhard où nous arrivons à 8 h ½. Chacun de nous se cherche alors une petite place à travers les roches et s’apprête à déjeuner. A 9 heures, après nous être réconfortés, nous reprenons notre chemin par la forêt d’Hérival et arrivons à la Cascade de Faymont vers 10 heures. Malheureusement, la cascade n’a rien d’attrayant pour le moment car par suite de la sécheresse il n’y a presque point d’eau. Nous arrivons ensuite au Val-d’Ajol à 11 heures. Par une chaleur tropicale nous montons à la Feuillée Dorothée.

Le restaurateur de la Feuillée Dorothée a été très aimable pour nous et nous a autorisés de manger dans ses loges les vivres apportées dans nos sacs.

Tout en dînant nous avons pu jouir d’un magnifique panorama : le Val-d’Ajol est à nos pieds et la vue s’étend depuis Aillevillers jusqu’à Faymont.

A midi, bien à regret, nous prenons le chemin de Plombières où nous arrivons à 1 heure. Là encore, grâce à la complaisance de M. Leduc, receveur des thermes, qui met un de ses employés à notre disposition, nous visitons les bains Stanislas, l’Enfer, etc, etc. Que M. Leduc reçoive encore ici nos meilleurs remerciements.

A 3 h ½ nous quittons Plombières pour gagner Xertigny où nous devons reprendre le train de 6 h 29 qui nous conduit à Épinal à 7 h 15.

En somme très belle journée, mais un peu trop chaude pour la marche. Malgré tout, le trajet qui ne comprend pas moins de 40 kilomètres, en pays de montagnes, s’est effectué dans les meilleurs conditions, surtout avec beaucoup d’entrain et de courage, par nos jeunes gymnastes dont quelques uns ne dépassent pas 16 ans.

Signé : un Gymnaste

Un bel exemple sur l’attrait de notre commune dans le domaine touristique de l’époque. D’autres sociétés sportives de divers lieux y compris parfois de Nancy viennent au Val par le train et repartent le soir même ou même le lendemain, soit en gare du Val, de Plombières ou de Remiremont. C’est l’arrivée du chemin de fer dans la vallée en 1882 qui va donner le top départ du tourisme au Val-d’Ajol. La commune qui comprenait alors des dizaines de bistrots et de cabarets va alors se doter de plusieurs hôtels et restaurants.

Toutefois l’actuelle Résidence de la famille Daval/Bongeot n’existe pas encore. Son histoire est peu connue. Mais elle est tout de même liée à l’arrivée du train. Les patrons de la filature des Mousses vexés que la ligne se termine à Faymont et non pas à Hamanxard comme ils l’avaient demandé, vont entreprendre la construction d’un hôtel à proximité de la gare centrale pour recevoir dans un confort encore peu commun leurs visiteurs, qu’ils soient fournisseurs ou acheteurs. Mais pour des raisons qui restent à déterminer, le chantier sera laissé à l’abandon durant 10 ans jusqu’à ce que le gérant de la brasserie, Amé Fleurot, s’y intéresse pour y vivre une retraite de vieux célibataire.