Sur le territoire ajolais lors de vos randonnées, vous pourrez découvrir des bornes frontières : à la fois limites entre St Bresson et Le Val-d’Ajol ou bien entre Fougerolles et Le Val-d’Ajol, et limites régionales entre la Franche-Comté et la Lorraine.
Ces bornes ont été installées en deux étapes : les premières en 1619, les secondes en 1704, c’est pourquoi elles sont de factures différentes.
Les bornes séparatives des terres de St Bresson furent implantées en 1619 sous la direction des commissaires envoyés par le gouvernement de Franche-Comté, sous le règne de Philippe III, roi d’Espagne, et par ceux envoyés par Henri II, duc de Lorraine.
Un procès eut lieu entre les deux parties. Le bornage ne fut effectué qu’en 1629, soit 10 ans après le jugement rendu en 1619. Il était censé être réglé à frais communs sur réquisition de l’abbé de Luxeuil, passablement agacé des abus commis des deux côtés de la frontière. Les habitants des deux communes limitrophes profitaient en effet de la confusion générale pour se servir en bois à bon marché. Les Comtois prétendaient que leur territoire allait jusqu’à la croix du Jaranceau et le ruisseau des Novelots, tandis que les Lorrains soutenaient qu’ils avaient des droits jusqu’aux Prés Benons.
Les uns et les autres se faisaient quelquefois prendre par les gardes. Condamnés en première instance, ils n’hésitaient pas à faire appel au jugement, au motif qu’il n’existe pas de limite bien définie entre les deux communes et les deux provinces. Le juge se déclarait tout simplement incompétent ou bien il faisait preuve d’une bienveillance extraordinaire qui faisait enrager les seigneurs des deux côtés, et encourageait les délits.
En préambule à ce bornage, chacune des deux parties conduisit les officiers et arpenteurs aux limites qu’elle entendait revendiquer, puis les géomètres firent un rapide calcul pour couper la part en deux et aboutir à la frontière définitive.
La plupart des bornes frontières entre Fougerolles et le Val-d’Ajol ont disparu. Sur l’ancien cadastre de Fougerolles, la limite avec la Croisette, entre la RN57 et les Fauvaux, est matérialisée par une simple ligne droite, qui n’a pas nécessité la pose de la moindre borne sur toute la longueur.
La borne retrouvée à mi-distance chez un cultivateur à la Croisette (qui sert de socle à son « chello ») proviendrait sans doute de la lisière de la forêt au nord. Tandis que celle présente dans une ferme du Sarcenot pourrait provenir des champs Romary, après avoir été déplacée de la forêt vers le lieu dit « La Balance ».
Après la révolution, un nouveau bornage a dû être mis en place dont les plans ont été établis lors d’une reconnaissance des limites. Le procès-verbal avait été contesté par des Ajolais, qui remettaient en question la procédure mais pas le bornage.
Les anciennes bornes ont probablement été arrachées puis laissées sur le terrain à la disposition des propriétaires. D’autres bornes ont ainsi été aperçues vers Groslières dans les années 50.
Il y a toutefois une réserve : selon plusieurs actes notariés établis sous l’ancien régime, des terres qui se trouvent actuellement sur Fougerolles auraient fait partie de la Croisette, notamment les champs Romary vendus en 1784 par Nicolas Romary à Prinet, avocat à Luxeuil. Il n’est donc pas certain que les limites actuelles correspondent à celle en vigueur avant la révolution.
Les bornes situées entre St Bresson et Le Val-d’Ajol sont numérotées. Amateurs de randonnée, vous aurez le loisir de les découvrir sur le circuit d’Outremont et la croix du Jaranceau. L’une d’elle est visible près de la stèle des AFN, rue de Plombières.