Journée internationale du droit des femmes : portrait de Blandine Vançon –
Depuis 2014, Blandine Vançon est co-gérante de l’entreprise familiale du même nom, dans les Vosges. A l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, l’UNOSTRA vous dresse son parcours et sa vision d’être une femme dans le transport.
“Le transport, je dirais que c’est comme Obélix, je suis tombée dedans quand j’étais petite”. Voilà comment Blandine Vançon, co-gérante de l’entreprise Tourisme Vançon, située dans les Vosges, nous parle de son rapport avec le métier, à l’occasion de la cébébration de la journée internationale du droit des femmes. Il faut dire que la comparaison est bien trouvée, quand on sait que Albert Uderzo, co-créateur de la célèbre bande dessinée, est aussi originaire de la région Grand-Est. Comme de nombreuses entreprises dans le secteur, celle-ci est aussi une histoire de famille. En 1984, son père créé la société, spécialisée dans le transport routier de voyageurs tourisme et scolaire, dans le sud des Vosges. Dès son plus jeune âge, Blandine Vançon vit en mode ”voyages”. Pendant les vacances scolaires, elle participe aux voyages avec les séniors organisés par l’entreprise de son père. “C’est là qu’on a découvert la France et l’Europe”, résume-t-elle.
L’avenir professionnel est tout tracé. Elle se dirige vers un parcours tourisme et voyages et devient même responsable d’une agence de voyages. Puis en 2014, les racines familiales vont reprendre leurs droits lorsque son père prend sa retraite. Son frère, alors salarié de l’entreprise depuis une vingtaine d’années lui fait une proposition : reprendre l’entreprise à deux. “On voulait faire perdurer le nom Vançon, mais mon frère m’a dit qu’il ne reprendrait pas la boîte tout seul. C’était nous deux ou rien.” Le choix est vite fait et en octobre 2014, elle devient co-gérante de l’entreprise familiale avec son frère.
“on va dire “tiens, voilà le patron”, mais jamais “tiens, voilà la patronne””
Les deux enfants se partagent les tâches, l’un est chargé de l’exploitation et l’autre de ce qui est organisation. “J’ai apporté une connaissance du voyage au sens large avec l’organisation de voyages à l’international, que ce soit voyage ou croisière, en individuel ou en groupe. Activité que j’ai ramené au sein de la société et qui n’existait pas au préalable puisqu’on était purement dans autocaristes”.
Chacun a un rôle très important et bien défini. Pourtant, en tant que femme, elle peut parfois noter quelques différences de traitement entre une femme gérante et un homme gérant d’entreprise. “Lorsque nous sommes tous les deux, on va dire “voilà le patron”, mais pas forcément “voilà la patronne”. Et c’est vrai que lorsqu’on va donner parfois des ordres de mission à certains conducteurs masculins, ils peuvent un peu nous prendre de haut”. Avant d’ajouter que cela reste minoritaire car c’est une entreprise familiale ou la plupart des conducteurs ont de nombreuses années d’ancienneté au sein de la société vosgienne.
“Une main de fer dans un gant de velours”
Il faut dire que dans la pensée collective, le transport est toujours considéré comme un métier d’homme, et les chiffres ne disent pas le contraire. Dans le rapport de l’OPTL de l’année 2021, le pourcentage de femmes occupant un poste de conducteur poids lourds représente 3%. Pourtant, le transport routier de voyageurs est une des branches du transport où la féminisation est la plus forte avec un taux à 28%. Une égalité qui est encore loin d’être atteinte, ce qui pousse les femmes à montrer plus pour se faire accepter. “Dans certains métiers, on reste encore dans ces stéréotypes et c’est vrai que ca sera certainement plus dur pour une femme d’accéder à des postes de cadres plutôt qu’un homme”. Mais pour elle, les femmes se distinguent et accèdent à ces postes haut placés par d’autres valeurs. “On a des qualités qui sont autres par rapport à un homme. Je prends toujours l’expression “une main de fer dans un gant de velours”. C’est-à-dire qu’on peut être gentille et douce tout en étant agressive et déterminée”.
A 41 ans, Blandine Vançon gère donc avec son frère cette entreprise d’une main de fer avec un gant en velours, comme elle dit, depuis plus de 7 ans. Et malgré la crise sanitaire qui a lourdement impacté le secteur, le nom Vançon va continuer de résonner dans les Vosges, tel le souffle du menhir.
Paris, le 8 mars 2022